Quintus Iulius Priscus
Premier et vénérable vigneron de l’AOP Languedoc Pézenas
« Dans les dernières années du règne du divin Empereur Auguste, après un voyage dans la province de Gaule Narbonnaise, j’ai acquis, à la limite du territoire de la colonie romaine de Béziers, pas très loin de la voie reliant Saint-Thibéry à Millau et Rodez, une belle propriété sur les bords de la Dourbie.
Je me nomme Quintus Iulius Priscus et je suis citoyen romain.
Dans le grand port de Pouzzoles, en Campanie, au nord de la baie de Naples, je fabriquais de la céramique sigillée et je possédais aussi quelques vignes. Enrichi par les affaires, je me suis installé dans la vallée de l’Hérault pour y faire du vin et y développer la production d’objets en terre cuite : matériaux de construction, céramiques, amphores et dolia. La diversité des sols et des terroirs, l’opportunité de commercialiser facilement les produits de ma propriété ainsi la position géographique idéale, ouverte sur la Méditerranée et le sud du Massif Central m’ont convaincu de la justesse de mon choix. J’ai fait construire des fours de potiers, une grande villa à cour centrale équipée de grands chais vinicole de plus de 4000 hl et je me suis entouré d’une main-d’oeuvre spécialisée originaire d’Italie, d’Espagne et de Gaule : Vitulus, Capito et Quartus de Pouzolles, Laetus de Barcelone, Carus et Optatus d’Arrezo, Atepomarus et Senomantus les celtes.
Il y a 2000 ans, j’ai cru en ce terroir marqué par le basalte des volcans et je suis à l’origine de ce vignoble d’exception, l’un des plus vénérables du Languedoc .
Les résultats de la fouille programmée extensive de la villa de Saint-Bézard (Aspiran), Hérault), occupée du tout début du Ier s. jusque dans le courant du Ve s. sont notables. Ce grand centre domanial est associé à un vaste atelier de potiers qui a fonctionné pendant trois siècles et a produit une gamme très large d’amphores, de céramiques à pâte claire, de sigillées, de dolia et de matériaux de construction.
La villa s’organise autour d’un vaste complexe vinicole et présente une évolution complexe marquée par la construction de deux balnéaires, d’une grande natatio de 280 m2, d’une tour-grenier abritant une cuisine-boulangerie et des thermes. Plusieurs points précis permettent de soulever l’hypothèse de l’existence d’un petit habitat groupé qui se serait développé entre la villa et l’atelier.
Enfin, les éléments matériels recueillis permettent d’appréhender l’économie du site sur la longue durée et indiquent, à la fin du IIIe s., à la fois un changement des productions et une diversification des sources de revenus.
Nous connaissons le nom du fondateur/propriétaire de ce domaine grâce à la découverte de plusieurs éléments épigraphiques distincts dont un nom se détache : Quintus Iulius Pri(mus), seul personnage à disposer de la citoyenneté romaine comme l’indiquaient les tria nomina de ses estampilles.
Les vestiges des installations techniques – grande rampe d’accès, fouloir, salles des pressoirs, cuve et dolia – nécessaires à la production de vin ont également été mis au jour mais sont, malheureusement, fortement arasés.
Sources : Stéphane Mauné, B. Durand, Ch. Carrato et R. Bourgaut, Pallas, Revue d’études antiques.
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